Les Chroniques Héroïques
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Les Mésaventures Fabresques

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Message par Reed Fabre Ven 5 Oct - 22:22

Fahrad, Chapitre IV
Puis finalement, au bout de plusieurs heures, il ouvrit ses yeux. Yeux qui peinèrent à se décoller et qui s’ouvrirent sur un drap satiné aux tons violacés. Un drap mais pas de mage, Fahrad n’était plus là. En un battement de cils, le cœur de Fabre se serra et tout son être se réveilla comme s’il venait de se prendre un seau d’eau comme réveil matin. Affolé, il cherchait l’homme de ses songes dans les draps. Etait-ce un rêve ? Un fantasme ? Non impossible, il se souvenait de son odeur, de la douceur de ses lèvres, de sa peau… Il releva la bretelle de sa salopette pour chercher son tendre Fahrad en tout sens. Son tendre Fahrad ? Il n’en savait rien, et si tout cela… Si tout cela n’avait été que-

« Reed ? Tout va bien ? » Dit le professeur en entrant dans la pièce. Il portait une robe bleue marine, très sobre, remontant en un col cette fois-ci ouvert alors que l’homme s’activait à sécher ses cheveux à l’aide d’une serviette, regardant Reed comme s’il agissait tel un dément, un sourire amusé au coin des lèvres.

« Wagner je… Non j’ai cru que… Enfin votre chat Medivh m’a effrayé. » Fabre avait tenté mais le rire amusé de l’homme à la chevelure de jais laissa penser qu’il savait la vérité. Il laissa ses mains pendre le long de son corps, soulagé tout en soupirant doucement.

« Medivh est dans la cuisine et… Je pense que nous pouvons abandonner les modalités et nous tutoyer Reed. » Toujours souriant, il déposa sa serviette sur une chaise et s’approcha de Fabre pour venir timidement lui tenir la main, les joues roses alors que son regard presque fuyard aux premiers abords se planta dans le sien. « Et je suis là, non ce n’est pas un rêve ou un fantasme, je suis là. »

« Oui… Nous tutoyer. Ah-ah, vous enfin tu as raison ! Et… Ne me dis pas que tu lis dans mes pensées ? » Il haussa un sourcil tout en tenant avec une légère fermeté protectrice la main de son beau Fahrad. Il ne se lassait pas de décliner ses traits sous tout les angles, observant chaque détail comme un Intendant faisant l’inventaire de sa réserve, vérifiant sans relâche que rien n’avait bougé.

« Il se pourrait que je le fasse mais cela serait totalement involontaire, on ne dévoile pas la fin d’un livre ! » Dit-il en riant, levant son autre main comme un voleur pris la main dans le sac, un tantinet joueur.

« Pourtant, tu savais très bien qu’on allait finir ensemble Fahrad. » Tout aussi taquin, pointant du doigt la poitrine du mage, jouant des sourcils, ne pouvant s’empêcher de sourire bêtement tout en restant très proche de lui. Il le dominait un peu par sa taille mais c’était surtout sa largeur qui dépassait de loin celle de Fahrad. Sa silhouette endomorphe d’armoire à glace pourrait presque écraser le professeur, du moins en apparence. Cependant, lors de leurs accolades, Reed avait pu sentir que son nouvel aimé semblait bien cacher son jeu, possédant une musculature partiellement développée.

« Comme je l’ai dit, une vision ne se réalise pas toujours. C’est une affaire de probabilité, mais je ne vais pas te fatiguer avec toutes les explications en matière de quantique divinatoire non ? » Dit-il en souriant, se détachant doucement de la presque-étreinte du blond, se précipitant dans une autre pièce. Il fût rapidement suivi par Fabre qui ne réalisait pas encore la situation. Lui ? Avec un professeur aussi intelligent que Fahrad ? Non, il fallait qu’il lui demande ! Il le retrouva dans la cuisine, soulevant une théière à l’aide d’un gant pour verser de l’eau chaude dans une tasse. La table de la salle à manger était dressée et des pâtisseries en tout genre trônaient sur cette dernière. Reed eut les gros yeux tout en s’approchant des gâteaux. « Oh, je suis allé les chercher ce matin chez Voulez. Un des meilleurs pâtissiers de la ville. Bien entendu, il n’égale pas la fraicheur de ta tarte aux pommes. » Un brin taquin, il s’approcha de la table pour s’asseoir et servir le thé.

« Merci de toujours m’assurer que mon titre de meilleur pâtissier reste miens Fah’. » C’était venu tout seul, comme de rien. Fahrad lui dévoila un splendide sourire tout en tirant ses manches d’un geste vif. Il mangeait en silence tout en faisant parfois flotter le beurrier vers lui ou encore un pot de confiture, sous le regard admiratif de Reed. « Fait intéressant, j’ai reçu la liste de mes nouveaux élèves et une certaine Rebecca Fabre figurait dessus, le monde est petit non ? »

« Eh bien c’est surtout que c’est ma sœur. » Répondit le blond comme si de rien, coupant son croissant en deux pour pouvoir y mettre une confiture qui faisait la renommée de Dalaran : la confiture de lait. Cette espèce de mélange doux et brunâtre avait eu raison de Fabre, il était devenu addict. Il releva ses yeux azuréens vers le mage qui avait cessé tout mouvement, comme figé par la nouvelle, clignant rapidement des yeux.

« Ta sœur ? Tu veux dire que ta sœur est mon étudiante ? Mais… Quel âge as-t-elle ? » Dit Fahrad tout en fronçant les sourcils, soudainement préoccupé.

« Elle va avoir vingt je crois ? Oui elle a quatre ans de moins que moi donc oui, elle va sur ses vingt ans. Est-ce un problème ? Elle ne va pas savoir que nous… Enfin que nous… Que sommes-nous Fahrad ? » Reed avait arrêté de manger, croisant les bras en toisant l’homme de Dalaran, curieux, l’ayant piégé.

« Comment ça ? Qu’entends-tu par : que sommes-nous ? Deux humains. » Il tentait de fuir la question en un sens ou alors il faisait tout simplement, il faisait marcher Fabre. L’ours devait avoir une réponse, il la désirait plus que tout au monde.

« Eh bien… Je t’ai fait part de mes sentiments hier, que je t’aimais et que je te voulais plus que tout au monde. Toi en revanche, tu ne m’as rien dit. »  Il fronçait les sourcils comme le soir précédent, ne lâchant pas Fahrad.

« Eh bien je pensais que ma réponse avait été claire en t’embrassant. » Fahrad se tenait presque à sa chaise, les joues roses, un sourire courtois et gêné alors qu’il tentait de garder contenance.

« Eh bien je veux te l’entendre dire. » Sa voix, presque autoritaire, était ferme. Claquante mais pas glaciale. Le besoin d’une réponse était palpable.

« Mais je-… » Il inspira un moment et se redressa de tout son long sur sa chaise, une tenue parfaite, droite, synonyme d’une tenue exemplaire. Plus aucune gêne n’était lisible sur son visage alors qu’il plongea son regard dans celui de l’Elwynnien. Il était doux mais déterminé. « Reed, je t’aime tout autant et je souhaite aussi être avec toi. » Il afficha un large sourire, presque mutin tout en se levant de sa chaise.

« Voilà ce que je voulais entendre mais… » Il se leva de sa chaise et ensemble, il se rencontrèrent à mi-chemin de la table, une main timide venant enserrer Fahrad au-dessus de ses hanches. Cependant, le mage s’arrangea pour la prendre et la faire tenir fermement, ils travaillaient ensemble. « Que sommes-nous ? Un couple ? Des amants ? »

« Je pense que nous ne devrions pas nous poser cette question, c’est un peu tôt Reed. Mais si tu y tiens vraiment, nous pouvons parler de compagnons ? » Il gardait son sourire qui illuminait son visage déjà si doux. Le rouge était revenu sur ses joues mais son regard restait plongé dans celui de Fabre.

« Compagnon ? Cela me va. Je… Puis-je t’embrasser ? » Dit-il en souriant d’un air niais, ses sourcils se rejoignant, la timidité encore et toujours.

« Voyons Ree’, pas besoin de demander, surtout pas ici. » Il secouait la tête d’amusement tout en s’approchant, se hissant à peine, faisant presque sa taille, pour venir encercler le large cou de Fabre de ses bras. Il l’embrassa tout d’abord doucement, posant son front contre celui de son aimé. Il le dévorait du regard alors qu’il était presque collé à lui. Il pouvait sentir le parfum du mage. Très fin et pourtant un brin masculin, il ne pouvait déceler toutes les odeurs mais arrivait tout de même à reconnaître ce qui devait être du cèdre mélangé à un brin de lavande. Une odeur qui resterait à jamais dans sa mémoire. « Je t’aime Reed. »

« Je t’aime aussi Fah’. » Il souriait bêtement en gardant son front contre le sien. Il l’embrassa encore et encore, pressant ses lèvres contre les siennes, laissant parfois sa langue rencontrer celle de Fahrad alors que leurs barbes s’entremêlaient çà et là. Le silence les entourait telle une couverture douce et chaude, les tenant hors du monde et du temps. Il ouvrit lentement les yeux en regardant Fahrad qui, toujours rouge, ne le quittait pas des yeux, ils étaient seuls au monde. Personne ne pouvait enlever ce moment aux deux amoureux. Lentement, le mage se retira pour retourner s’asseoir.

« Je ne mords pas Reed, tu n’es pas obligé de manger à l’autre bout de la table. » Agitant la main dans les airs, faisant reculer la chaise à sa gauche comme pour l’inviter à s’asseoir. Fabre se précipita et posa rapidement ses fesses aux côtés de Fahrad, son assiette en main. Ils mangèrent doucement, échangeant des banalités et faisant étrangement connaissance. C’est lors de cette conversation que le professeur apprit qu’il était le premier amour de Fabre. Un stress soudain vînt s’ajouter aux épaules du mage, il avait une étrange responsabilité vis-à-vis de Reed, étant le plus expérimenté dans le domaine visiblement. Il ne cacha rien à Fabre et répondit rapidement et précisément à chaque question, finissant chaque bouchée et offrant plusieurs fins sourires durant le repas. Ils firent la vaisselle ensemble puis s’installèrent dans le salon. Fabre nettoyait son armure alors que Fahrad lisait un livre sur les arts de la métamorphose, un essai selon ses dires. Le mage lui avait expliquer que les essais étaient une autre forme d’écriture plus libre et plus accessible ce qui avait piqué la curiosité de Fabre, une porte ouverte dans le monde du mage ? Soudainement, le bel homme aux cheveux ébènes brisa le silence : « Bien Reed, qu’allons-nous faire aujourd’hui ? Que veux-tu faire ? »

« Avec toi ? Tu n’as pas cours ? » Dit-il en continuant de frotter la plaque de ses épaulières avec minutie. Il se montrait très perfectionniste en matière d’armure, un héritage de son père forgeron selon ses dires.

« Non, pas aujourd’hui. Et étrangement, je n’ai pas envie de corriger des copies aujourd’hui. » Dit-il en souriant, se relevant pour repasser sa robe du revers de sa main, marquant la page avant de poser le livre sur la table.

« Et si tu me faisais visiter Dalaran ? Je connais la ville certes mais entant que touriste. Je gage qu’un habitant de la cité pourpre saura me guider dans les recoins les plus intimes et les plus merveilleux. » A ses dires, un large sourire franc s’étira sur le visage de Fahrad qui hocha la tête, enfilant sa cape, visiblement tout excité de sortir avec son nouveau compagnon et lui faire découvrir sa cité, son chez-lui.

« Vendu ! »

C’est ainsi que les deux amants sortirent de chez Fahrad, se tenant en un premier temps la main. Puis la gêne, prenant le dessus sur Fabre, le força à la retirer pour enfoncer ses mains dans sa salopette, rouge écarlate. Ils arrivèrent donc dans une rue un peu agitée, il était environ une heure après midi, les commerces reprenaient, la vie revenait.

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Message par Reed Fabre Ven 5 Oct - 22:22

Fahrad, Chapitre V, final
Le rose du crépuscule frappait lentement les vitraux de l’appartement du prêtre alors que seuls raisonnaient les sanglots de Reed. Il regardait avec tristesse l’horizon, un horizon qu’il avait partagé dans ses souvenirs qui s’apparentaient désormais plus à des rêveries aux côtés du seul homme qui l’avait un jour compris. Du seul homme qui l’avait non pas vu comme un homme simple, mais pour qui il était vraiment. Au-delà de son apparence bougonne, le pauvre lion à la crinière devenue terne et aux hanches devenues larges cachait un cœur des plus fragile, subissant les aléas de la vie comme un saule au milieu d’un champ, résistant aux désastres de la nature. Il tremblait, ayant finit de raconter là le premier chapitre de ses amours, sa rencontre avec un homme d’exception. Certes, il devait faire son deuil, mais comment oublier cet homme ? Comment s’habituer d’une absence qui se fera toujours ressentir comme un vide éternel, une saveur amère qui ne quittera jamais sa langue et un poids dans son estomac qui se fera plus lourd en fonction des humeurs de son hôte ?

Reed n’avait pas de réponse, il en cherchait même dans le regard du Père Carter qui était assis calmement à son secrétaire, le regard observant au-delà de ce qui était sensible. L’homme semblait avoir été touché par le récit du garde, à en juger les yeux rougis par la tristesse et les joues encore humides de l’homme de foi. Lentement, il se laissa aller sur sa chaise, tirant un cigare de sa commode en acajou sombre, observant Reed d’un air compatissant tout en allumant le divin cigare aux saveurs d’Uldum.

« Sale habitude que voilà. J’ai essayé d’arrêter à cause de ma maladie qui me ronge les bronches mais… Cette habitude revient toujours à un moment ou un autre, me guettant dans mes instants de faiblesse. » Il ricanait tout en laissant lentement le tabac s’embraser, inspectant le gros garde de son regard vairon, retirant sa cravate pour se mettre plus à l’aise alors qu’il se permit de croiser les jambes. « Vous savez, on ne peut avoir le contrôle sur tout et parfois, la seule sortie est la confrontation. »

« Je l’avais déjà oublié en laissant le temps faire son office mais- » Il fût rapidement coupé par le prêtre aux allures de noble qui, étrangement, agissait plus en fin psychologue qu’en homme pratiquant la confession, se permettant de donner conseil.

« Ne vous a-t-on jamais dit que les choses n’arrivent jamais deux fois de la même façon ? » Il recoiffa sa crinière de jais tout en laissant son regard courir sur l’intendant désœuvré, ce dernier tirait un autre mouchoir de sa poche pour venir lentement sécher les larmes de désespoir qui roulaient au coin de ses joues. Il était perdu dans un labyrinthe d’angoisse, de doute, de chagrin et de mort qu’il avait construit pour rester auprès d’un souvenir, un fantôme. Reed se leva lentement, le regard presque courroucé, non pas envers le Père mais envers lui-même. Il se regarda brièvement dans le reflet doré de la vitre ensoleillée, choqué de voir cette apparence rondouillarde, grotesque et misérable. Il s’avança rapidement pour la refermer, ne voulant plus voir les ruines d’un corps qu’il avait pris soin de démolir durant les derniers mois. Grave erreur, en refermant la vitre, il tomba nez à nez avec son propre visage, prenant frayeur. Il ne voyait ni joie, ni vie en fin de compte. Il avait longtemps caché son désespoir avec son travail, le tout saupoudré de pâtisseries et d’occupations en tout genre pour oublier ses passions et le chagrin qui les enrobaient gracieusement.  Il se tourna lentement vers le prêtre qui ne le quittait pas du regard, d’une élégance froide il le toisait tout en laissant lentement la fumée de son vice se diffuser dans la pièce en une odeur exotique, léchant le visage comme le ferait une flamme contre une écorce séchée.

« Je vais devoir vous laisser mon Père. » Lâcha enfin l’homme tout en revenant à son reflet un bref instant puis à l’horizon qui luisait de toutes les couleurs vermillon.

« Si c’est le besoin que vous ressentez, je ne peux que vous soutenir Fabre. » Il le regarda partir lentement puis juste avant, il l’arrêta. « Une dernière chose, si vous me le permettez. » Fabre se retourna en arquant un sourcil, le regard encore emprunt à une tristesse infinie et un chagrin qui ne connaissait pas de fin. « Changer vos habitudes, faites une chose nouvelle qui ne vous rappelle pas Fahrad. Peu importe ce que cela peut être, faite cela pour vous autoriser une fois un répit. » Le garde hocha la tête avant de saluer le prêtre une dernière fois avant de quitter la pièce. Il aurait juré avoir entendu un sanglot mais ne voulait pas retourner dans ce confessionnal doré aux coussins de velours.

Il prit la direction de son appartement, puis bifurqua une nouvelle fois par le cimetière pour finir le rituel que le prêtre avait encore interrompu. Arrivé devant la tombe de son aimé, il observa avec tristesse les restes d’une relation qui ne tenait plus que par lui. S’il mourait demain, tout ce qui restait de leur histoire finirait dans le néant avec lui. Plus personne ne saurait ce qui les avait liés. Il ne pouvait se le permettre. Il ne pouvait se permettre de mourir bêtement, Fahrad lui en voudrait s’il le voyait dans cet état. Il observait longuement le cimetière, la tombe de son aimé qui portait encore son inscription. Il venait ici, désespéré, espérant secrètement qu’un jour la pierre soit enlevée et que le mage se trouve au coin d’un arbre à lire, lui dévoilant que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve et qu’il était encore en vie. Mais il l’avait vu, ce cadavre calciné, cette dague ensanglantée. Pas de lettre, pas d’explications, juste le corps de l’homme qui avait su l’accepter et le connaître comme personne ne le pourrait jamais. Il soupira avec nonchalance. Il lui manquait plus que de tout.
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Message par Reed Fabre Ven 5 Oct - 22:23

Retour à la normale, Chapitre I

Il marchait doucement en direction de sa maison. Reed tenait dans ses mains sa nouvelle insigne de Caporal. En effet, cela faisait environ un an et demi qu’il avait passé les portes du Guet urbain. Un an et demi qu’il avait eu son insigne et son armure. Un an et demi de serment tenu. Il laissait trainer ses bottines de cuir sur les pavés menant à sa maison. Il était songeur. Il regardait cette nouvelle récompense, ce grade de sous-officier avec une certaine fierté mais emprunt à une certaine anxiété. Avec cette promotion venait son lot de responsabilités. De plus, il était désormais connu comme le Caporal-Intendant Reed Fabre. Il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait atteindre une si haute distinction, pensant rester à jamais garde.

Il déambulait donc dans les rues sinueuses du quartier aux toits rouges, rangeant la nouveauté à sa ceinture tout en laissant ensuite ses mains se glisser dans ses chausses. Il était tard, minuit environ alors que le bougre blond traversait la chaussée pour atteindre au plus vite sa maison, sur les rebords de la vieille ville. Il gratta sa barbe et redessina sa moustache avant d’entrer chez lui, repensant soudainement à la dernière fois qu’il avait eu une promotion…


Mais ce soir-là, quelque chose changea. Il était arrivé à la caserne, avait travaillé d’arrache-pied toute la nuit et, alors qu’il allait repartir chez lui seul pour ne trouver qu’un lit vide, il fût arrêté par l’un de ses supérieurs. Il lui demanda de remettre son armure et de revenir rapidement, question d’ordre publique ce que Reed prenait à cœur. Il remonta les marches, hors des vestiaires pour se retrouver face à un gradé qui le somma de le saluer, Reed s’exécuta. Puis, en l’espace de cinq minutes, le Soldat Reed Fabre devînt le Garde Reed Fabre, un nom qui promettait déjà de nouvelles aventures et qui assurait son rôle au sein du Guet Urbain de Hurlevent.

Il rentra ensuite chez lui, ouvrant la porte, prêt à écrire une lettre à son aimé lui annonçant la bonne nouvelle quand il remarqua que les chandelles étaient allumées. Il s’avança dans la cuisine pour trouver une tarte aux abricots fièrement présentée avec un mouchoir portant des dorures de chez Voulez. Le garde sourit doucement en tournant la tête vers le bureau, reconnaissant une silhouette qui était assise là, corrigeant des copies qui flottaient devant ses yeux, une main sur sa baguette, guidant la plume qui notait les travaux les uns après les autres d’un mouvement gracieux mais précis. L’élégance du mage à la chevelure de jais suffit à elle-seule à arracher un sourire presque enfantin à Reed alors qu’il s’avançait lentement en déposant son bouclier, marchant dans un brouhaha de cliquetis.

« Mais nous ne sommes que mardi Fah’. » Il souriait en s’avançant, venant s’appuyer contre la bibliothèque en retirant ses épaulières alors qu’il observait doucement son compagnon qui restait visiblement dubitatif devant un des examens.

« Je n’avais plus de cour à donner pour cette semaine, je me suis dit que c’était là une bonne occasion pour te faire la surprise. » Il souriait doucement, replaçant ses lunettes calmement tout en regardant brièvement son aimé. Il fronça les sourcils tout en prenant sa baguette pour tourner la copie. « Je me demande bien ce que nous allons pouvoir faire de ce Niguel. »

« Un élève difficile » Dit Reed en se penchant sur la copie, tentant de comprendre de quoi il était question avant d’abandonner rapidement, remarquant que l’écriture était tout bonnement illisible et que le sujet de divination n’était pas son point fort. Il haussa les épaules et vînt s’asseoir sur le bureau, tout sourire.

« Tu n’as jamais été un élève difficile toi ? » Il était un brin moqueur mais la question était sincère.  Il ne voulait pas blesser Fahrad, il voulait juste le connaître encore plus. Il crut voir un brin de nostalgie dans le regard du Dalanois, son menton appuyé sur sa baguette alors qu’il haussait un peu les sourcils, cherchant la réponse dans une mémoire qui semblait bien lointaine, le temps où il était encore en étude, où apprendre était son seul et unique devoir.

« J’étais plutôt bon élève. Ni vois pas un orgueil mal placé, je sais avoir des défauts mais mauvais élève ne l’était pas… A moins que… J’étais un brin rêveur, je dois l’avouer, rien de bien spécial. » Reed souriait tendrement en l’écoutant. Bien sûr qu’il n’était pas du genre à se rebeller, il devait être l’enfant sage qui pouvait se contenter d’un livre dans son coin. L’enfant poussé à grandir plus vite que ce qu’il ne le faisait déjà peut-être.

« Je me demande bien ce que cela aurait été nous deux petits. » Il riait en y pensait puis Fahrad, qui le fixait un moment, toujours pensif, se mit à rire aux éclats d’une rire cristallin. Il réchauffait le cœur de Reed. Le mage retira ses lunettes, les déposant sur le bureau à côté des papiers qui s’empilaient tout seul, par ordre alphabétique.

« Nous aurions passé notre temps à nous chamailler. Je n’étais pas le plus drôle des petits garçons et toi, de ce que je sais et de ce que tu m’as raconté surtout, tu étais du genre casse-cou. » Il riait doucement en se relevant, posant sa main sur l’épaule du garde, lui embrassant la joue pour le saluer enfin.

« Un jour j’arriverai à grimper sur le toit de la grange. » Il dit cela tout en levant un poing au ciel, d’une voix de défis comme si cette promesse valait encore quelque chose aujourd’hui, du haut de ses presque deux mètres, laissant le professeur amusé. Il suivait le mage qui avait enfilé sa cape pour venir se mettre devant le plan de travail de la cuisine. Le mage coupait doucement la tarte alors que le lion fila dans la réserve pour en sortir un Lordaeronnais de vingt ans d’âge, une fortune entre les mains. Il vînt rapidement servir deux verres de ce divin vin rouge.

« Eh bien, que nous vaut cette démesure ? » Le mage souriait tout en prenant son verre en main pour le sentir, le faisant doucement tournoyer dans ses mains alors qu’il souriait en regardant son aimé, à moitié caché par son verre.

« Faut-il vraiment une raison pour goûter aux petits plaisirs de la vie ? Je plaisante Fah’, nous fêtons un événement tout particulier en ce mois d’avril. » Il souriait en venant le prendre par la taille, posant les deux verres sur la table pour venir rapidement détacher son chignon, laissant retomber sa longue chevelure sur ses épaules. Il souriait doucement au mage tout en venant lui caresser le visage et embrasser sa joue, la laissant rouge de gêne. Il vînt retendre les deux verres de vins, le dévorant du regard.

« Dis-moi tout. A moins que je doive venir chercher l’information par moi-même ? » Taquin et un brin espiègle, le mage continuait de se tapir à l’ombre de son verre à vin, attendant avec impatience l’annonce d’un heureux événement, les yeux d’un bleu profond, illuminés par un brin de malice et d’amusement.

« Eh bien figurez-vous, Professeur Wagner, que vous faites aujourd’hui face au Garde Reed Fabre. » Il souriait tendrement en relevant légèrement son verre, heureux de partager ce moment avec son aimé, pensant ne pas pouvoir le faire il y a de cela une dizaine de minutes.

« Mais c’est superbe Reed ! » Il se retînt de sauter dans ses bras au dernier moment, se souvenant qu’ils avaient du vin et que ce liquide rouge, aussi bon soit-il, laissait des tâches bien tenaces. Il vînt donc embrasser avec tendresse son aimé, avant de trinquer doucement. « A notre avenir ? »

« A notre avenir Fah’. » Il souriait en trinquant, buvant le verre, ne quittant pas de son regard sauvage le bleu azur de celui de Fahrad. Les deux souriaient en se regardant, reposant le verre pour se regarder et ce sans se lasser, ce qui relevait du prodige. Reed sentit le rouge lui monter aux joues et tourna rapidement la tête pour regarder la tarte. « Tu n’es pas si mauvais devin pour avoir amené le gâteau. »

« Ou alors je connais bien la personne que j’aime ? » Il souriait doucement tout en venant lui servir une part. Ils montèrent doucement sur le toit avec les deux verres de vin, la bouteille, la tarte et une couverture. Ils observèrent les étoiles calmement, Fahrad racontant ce qu’étaient les deux lune d’Azeroth, expliquant aussi à Reed qui était Elune et tout cela dériva sur un cours d’histoire sur la civilisation des elfes de la nuit. Bien entendu, le mage prenait soin d’éviter d’être barbant dans son discours, privilégiant les glorieuses épopées et les récits de bataille, au plus grand bonheur de son aimé qui l’écoutait comme un enfant curieux.

Soudainement, le soleil s’éleva lentement dans le ciel, dévoilant les premières lignes bleutées dans le ciel. Le mage était couché sur le torse du garde, observant les premiers vols d’oiseaux en soupirant doucement, apaisé comme rarement.

« J’aimerais que nous vivions ensemble Fah’… » Il le regardait doucement en caressant sa chevelure qui s’accordait à la nuit, souriant doucement en finissant sa phrase par un baiser sur sa tempe.

« J’y songerai Reed, nous y songerons. Je ferai en sorte de venir plus souvent dans un premier temps. Tu as raison, il faut profiter des petits plaisirs de la vie. » Et il le faisait. Le mage n’était pas inconscient, il savait que ce genre de moments étaient rares, surtout quand les deux personnes ont des vies diamétralement opposées. Il savait que la distance allait être rude et que son travail lui prendrait du temps. Il était aussi conscient de ce que cela représentait pour Reed. Il sourit doucement. Le lion comprenant qu’il était sincère et y réfléchissait réellement. Ils s’endormirent doucement puis se réveillèrent pour descendre du toit et reprendre une nuit qui aurait pourtant dû s’achever, comme hors du temps.




Et pourtant, depuis il y avait eu de gros changements dans sa vie, et en même temps tout était redevenu pareil. Fahrad avait disparu, on le pensait même mort et pourtant, il était revenu, il était désormais fiancé, plus rien ne laissait à penser que le malheur pouvait à nouveau frapper. Ils vivaient ensemble de plus. Il poussa la porte de ses deux mains après avoir ouvert la porte en chêne massive. Il pénétra dans la maison, sortant la bouteille de champagne que l’un de ses collègues lui avait offert alors qu’il montait les escaliers. Il arriva devant le bureau, remarquant les bougies allumées. Il entra lentement, découvrant Fahrad assis sur une chaise, lunettes sur le nez et grimoire en main, il semblait concentrer.

« Bonsoir Fah’. » Dit-il en souriant tout en cachant la bouteille dans son dos avant de s’approcher de son aimé, impatient. Le mage portait une tenue plus légère que d’accoutumée, une espèce de tunique qui se prolongeait en un pantalon large, presque bouffant mais qui mettait plus qu’en valeur la silhouette mais surtout les yeux du mage car oui, la tenue était tout aussi bleue. A côté, le Caporal en pantalon bleu usé, bottes de cuir aux talons éculés et à la chemise en flanelle froissée faisait pâle figure.

« Oh Reed, te voilà ! Comment vas- » Il fronça les sourcils en souriant, tout en observant les mains dans le dos du guerrier. Il ferma son livre en marquant le mage avec un cordage avant de le déposer sur le côté, se relevant avec grâce tout en s’approchant, replaçant ses lunettes d’un geste vif au niveau du nez. « Qu’est-ce que tu caches ? »

« Allons sur le toit, nous avons quelque chose à fêter ce soir mon cher. » Il ne pouvait cacher ses splendides dents blanches tant il était heureux. Il tira avec lui son aimé, retournant au lieu où ils avaient fêté sa promotion il y a de cela un an. Il avait pris des fraises et des couvertures pour leur créer un petit cocon au sommet de la vieille ville, ils pouvaient apprécier la lueur de la pleine lune se reflétant sur les canaux séparant les toits rouges des bleus.

« Et que fêtons-nous mon cher garde de Hurlevent ? » Dit le mage en souriant, il avait deviné bien entendu. Il se laissait doucement retomber sur le lit de fortune, se blottissant contre son fiancé tout en le regardant de ses gros yeux embellis pas l’astre.

« Tu triches, je pensais te faire la surprise. » Il riait tout en débouchant le champagne qui sauta en direction des canaux, laissant la mousse s’écouler dans la gouttière. Il aspira un moment puis servit la boisson dorée dans deux coupes avant de tendre les fraises au mage. Puis enfin, il décrocha de sa ceinture le nouvel insigne, la déposant dans la main libre du noiraud. Il l’observait tout en glissant ses doigts fins sur l’inscription et la forme de lion dorée.

« Le champagne et les fraises… Je ne pouvais pas vraiment faire autrement que de deviner tu sais ? » Il avait une voix taquine tout en claquant son verre contre celui de son amant. « A votre santé Caporal Reed Fabre. » Il souriait alors qu’ensemble, ils descendirent leur verre tout en gloussant. Ils étaient plus complices que jamais et heureux, observant le ciel remplit d’étoiles.

« Je vous remercie, professeur Wagner. » Il dévorait du regard son aimé avant de regarder à nouveau son insigne d’un air pensif. « Mais je suis certain que tu l’avais déjà vu dans une de tes visions n’est-ce pas ? » Il haussa un sourcil tout en souriant finement, sa moustache suivant le mouvement alors qu’il venait doucement masser sa barbe en passant sa main dedans.

« C’est possible mais il me semble que je t’ai déjà dit plusieurs fois que toutes les visions ne sont pas forcément vraies, c’est une affaire de probabilité » Le guerrier avait singé le mage sur les derniers mots ce qui lui valut une pichenette sur son gros nez. Il fronça les sourcils en gloussant.

« Oui je sais ça. Mais tu ne nies donc pas que sur le moment, tu savais probablement déjà ce qui allait se passer non ? » Il jouait sur les mots, sachant pertinemment que le mage pourrait probablement tomber dans le panneau et se lancer dans une explication, ou alors le griller et lui envoyer une pique. Dans les deux cas, le Caporal serait content.

« Si cela te plait d’y croire alors oui ! » Dit-il finement tout en finissant son verre, venant se blottir contre son aimé en le déposant, se dévorant une fraise avant de lâcher un petit soupire de plaisir. Ils étaient bien ici, le ciel étant la seule limite. Il regarda Reed longuement, le fixant le bleu dans le bleu. « Je suis fier de toi Reed, vraiment. Tu progresses à la garde et je sais que cela te rend heureux, n’oublie jamais que je suis fier de toi. Je t’aime. »

Reed sourit et embrassa doucement son fiancé tout en venant se coucher lui aussi sur le toit. Il passa ses doigts dans ceux de Fahrad, restant proche de lui alors qu’ensemble ils observaient les étoiles et feraient cela jusqu’à l’aube, comme l’an passé. Le ciel était encore noir alors que les deux amants profitaient du calme de la nuit pour s’embrasser, se conter des histoires et simplement parler de choses futiles. Les temps étaient calmes à présent, pas de Légion, pas de guerre, rien. Juste un calme plus que mérité pour le couple. Ils rentrèrent aux premières lueurs du jour pour s’endormir lentement dans leur lit.
Reed Fabre
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