Les Chroniques Héroïques
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La Folie est une vertue

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Message par Piero Orson Jeu 4 Oct - 17:48

La Folie est une vertue Avw6

Sid était juché à son emplacement favoris : Au sommet des remparts. Personne ne pouvait troubler ses songeries de gamin solitaire. Et il avait la plus belle vue possible : L'océan et ses étendues d'un bleu sombre. Ses mèches claires étaient agitées par le vent marin, ses oreilles bercées par le doux grondement de la ville en contrebas, et des oiseaux marins face à lui.
Les navires traversaient la baie de Baradin, en direction de Kul Tiras, de Hurlevent, d'Austrivage voire même...de Lordaeron . D'autres revenaient ici, car toutes les villes réclament leur part de marchandises. Il rêvait que certains partaient vers le bout du monde : Le Norfendre ! Une terre aux confins des cartes, mystérieuse, hostile, où l'homme n'était qu'un nouveau venu. C'était un monde d'opportunités, une terre pour lui. Mais bon, la cloche qui retentit en contrebas le tira de sa rêverie. Car Sid était un gamin de onze ans , un gamin de onze ans perché sur les remparts sud de la plus vieille cité au monde.
La vie urbaine ne lui convenait pas : Les rues étaient étroites, sales et lugubres, le soleil se levait tard et se couchait tôt à l'ombre des murs de pierres et des toits de bois. Mais surtout...Il y avait les gens. Les exodes massifs avaient dépeuplé la ville. Pour remédier à cela, les rois avaient décidé que l'armée serait la plus disciplinée et la plus noble possible. Les femmes engendraient des enfants forts qui étaient entraînés à se battre et à se plier, donnant à leur tour une nouvelle génération de soldats et de bons citoyens. Lui, soit sa mère l'avait échangé à la naissance, soit les copinages avec les gnomes n'engendraient pas que des innovations technologiques. Il était revêche à tout apprentissage, la tête dans la lune, incapable de se battre sans finir cassé en morceaux et une fois encore, il revenait chez sa mère, seule maison éclairée sur toute la longueur de la rue .
« Sid tu es là, occupe toi de la vaisselle, tes sœurs sont à l’entraînement . Le repas cuit .
-D'accord maman ! »
Maman était une femme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, elle avait élevé seule quatre enfants et sur ses traits se lisaient une jeunesse et une fraîcheur étonnante qui ravivait ses cheveux châtains. Elle servit la soupe lorsque s'attabla la maisonnée. La viande viendrait après, son argent, nul ne lui avait demandé d'où il venait, mais permettait de profiter de trois vrais repas par jours et des vêtements neufs pour les filles.
Sid se rua sur le pain avant que ses sœurs et sa mère ne lui prennent tout, il les observa toutes une à une, silencieux, ces quelques secondes révélaient beaucoup sur les gens .
Emma était brune, elle le dépassait de deux têtes, bourrue, excellente au combat, elle lui avait témoigné son affection en lui ayant fait chevaucher un véritable palefrois une nuit durant , il avait parcourus les plaines sans perdre haleine. Des années plus tard, elle serait à la tête des troupes du royaume. Vétéran émérite, ses hommes la respecteraient, et son tableau de chasse alignerait les victoires face aux ennemis de la nation.
Claire était d'un blond foncé, elle divergeait d'Emma en caractère, plus douce, elle lisait plus et avait donné à Sid le goût du passé, et ses traits fins feraient fureur à Hurlevent, quand adulte, elle mènerait une vie mondaine, célèbre et riche, ses accords avantageux lui ayant fait gagner une puissance financière et l'accès à toutes les réceptions.
Julie, elle, avait des cheveux de feu. Électron libre que les arcanes avaient captés, elle étudiait la magie dans la tour d'Arathor. Elle n'était pas encore capable de faire jaillir un flocon de glace de ses mains, mais lorsque à Dalaran on fêterait le voile d'hiver, ses blizzards artificiels feraient le bonheur des enfants descendues dans les rues pour faire des batailles de boule de neige .
Quand à Sid, son avenir serait bien plus surprenant qu'il ne l'aurait pensé. Seulement, c'était à lui de le tracer.
Le lendemain, ce n'était pas l'odeur salée de la mer qui lui emplissait les narines mais le goût cuivré du sang.
« Allez relève toi ! A moins que tu comptes lécher la boue toute la matinée !
-Je...Je continue ! »
Les entraînements à l'arme étaient une torture, ils se battaient, torse nue et épée en bois dans une arène boueuse jusqu'à ce que le perdant doive être ramené en brancard. De mémoire d'homme, Sid n'avait jamais réussi à envoyer dans la fange son adversaire. Mais cette fois...Il s'élança sur Pete, il le martela de coup, ses poumons juvéniles expulsant la rage en un cri guerrier. Une bête, un loup, la fureur du sang des Hommes d'avant la grande ère des royaumes… Du moins c'est ce que l'informa Claire, quand il se réveilla sur un tas de planches cinq heures plus tard. Il lui fallu deux jours pour pouvoir marcher à nouveau, le lendemain même il devait retourner apprendre, seulement, alors qu'attendaient tous les jeunes apprenties pour une grande cérémonie impliquant la noblesse de la ville, on ne vit nul trace de Sid, et lorsqu'on le retrouvât, ce fut trop tard.
La foule était massée sur les quais, au bord du bois vermoulue, au dessus du gouffre surplombant des flots, les larmes de la mère s'ajoutèrent au bouillon infâme des eaux de port. Deux de ses filles la soutenaient, la dernière observait avec incompréhension s'éloigner le bateau, plume au dessus de l'horizon, voile gonflé aux vents d'est. Trop loin pour entendre les pleurs, les cris de la foule ou qui que ce soit, trop loin pour regretter, trop loin pour ne plus qu'apercevoir les falaises et l'infini ligne horizontale de la mer et être bercé par les cris des mouettes, Sid tourna une dernière et unique fois la tête, pour adresser un signe d'adieu à Stromgarde, première ville des temps.

Le beau vaisseau de Sid faisait trois mètres de long, pour un de large à son point centrale, son unique voile s'agitait au vent. Il avait quelques bouteilles d'eau et il avait prit le soin de récupérer des provisions, le Norfendre serait facile à atteindre se disait-il, rien ne le retenait, là bas il vivrait pleinement l'existence qu'il désirait. Il s'assit sur la poupe, tenant les cordages à deux mains, l'aventure ne faisait que commencer.
Cinq jours plus tard, il quitta enfin la baie de Baradin, il avait navigué entre les deux îles de Tol Barad, lugubres et sombres. A certains moments, son regard croisa des ombres étranges sur les falaises, sûrement le fruit de son imagination… Oui, le fruit de son imagination. Le premier navire qu'il croisa battait pavillon tirassien. Un trois-mats colossal , il adressa un signe distingué à la vigie lorsqu'elle posa le regard sur le minuscule rafiot qui longeait la coque. Lorsqu'elle raconta l'anecdote au reste de l'équipage, ceux ci conclurent à un mystère inexpliqué, bien plus rationnel qu'un gamin sur un bout de bois. Lorsque Sid se leva au septième jour, il se mit à chantonner pour passer le temps une mélodie qui lui tenait à cœur :
« Enfant du voyage, ton lit c'est la mer et ton toit les nuages, été comme hiver ! Ta maison c'est l'océan...Tes amis sont les étoiles et tu n'as qu'une fleur au cœur : C'est la rose des vents. Ton amour est un bateau qui te berce dans ses voiles. Mais n'oublie pas pour autant que l'on t'attend... »
Il regarda l'albatros qui s'était posé sur le bastingage pour l'observer, remercia le Ciel pour ce signe de bonne fortune puis reprit : « Enfant du voyage ton cœur s'est offert au vent, aux nuages là-bas sur la mer. Mais tu sais que dans un port...Tremblant à chaque sirène, une fille aux cheveux d'or perdue dans le vent du nord...Une fille aux cheveux d'or compte les jours et les semaines et te garde son amour pour ton retour. »
Seulement ; y avait il une fille aux cheveux d'or pour lui ? Y avait il un port au bout de la route ? Les vents du nord viendraient toujours, ça il en était sûr  mais rien ne l'attendait, lui pauvre marin au milieu des océans. Il adorait cela, il découvrait le vrai sens de la liberté, il laissa glisser sa main dans le sillage de son gouvernail , et le voici confortablement installé, contemplant la ligne où mer et ciel se confondaient dans un azur infini. Le voyageur solitaire se disait que les problèmes du monde n'importaient plus guère, et que c'était finalement bien risible que de se morfondre, l'homme n'était rien et il n'était finalement qu'un voyageur sur le globe , comme lui voyageait sur la mer. Seulement...Il fallait saisir le moment où il fallait commencer son voyage car sinon cela exposait au risque de rater ce pour quoi ils étaient fait… Il fut tiré de ses songeries par le bruit de quelque chose qui émerge de l'eau. En se penchant sur le bord du bastingage, il vit la surface bouillonner. Le gamin fronça les sourcils et mit la main à sa ceinture, avant de se rappeler qu'il n'avait pas d'arme ni même un canif et il se réprima de hurler quand sur le côté opposé du bateau apparut une créature flasque, visqueuse et particulièrement hideuse : « Mrgglllllll ? »
Sid et Trémousse apprirent très vite à coordonner leurs taches sur le navire, oui Trémousse, le murloc ne répondant qu'à ce nom. Il était quartier-maître, premier matelot, second et canonnier, Sid lui était capitaine et navigateur. Trémousse ramenait du poisson, et n'avait pas besoin de boire, c'était donc une situation bénéfique pour tout le monde.
Sid prit la barre en main et dit : « Second Trémousse ? Cap vers l'Ouest ?
-Murrrrrrrrgl ! Répondit son compagnon perché sur la proue de leur minuscule embarcation.
-Alors parfait ! »
Malgré tout, l'amphibien n'était pas un grand compagnon de causette, ce qui laissait le gamin à ses questionnements solitaires.
Lorsque arriva la fin du premier mois, Sid réalisa que ses cheveux lui tombaient sur les épaules, sa peau là où ses manches courtes l'avait mise à nue était foncée par la soleil, il prit une des vieilles bassines que Trémousse avait sorti du fond des eaux et regarda au travers : Il ne vit rien, la surface n'était pas réfléchissante. Il haussa les épaules et retourna ajuster la voile.
La nuit était terrifiante sur l'océan, la brume couvrait la surface glaciale de l'eau, on ne voyait absolument rien, Sid était pelotonné dans le fond de son bateau vu le froid qui le tenaillait, le Norfendre ne devait pas être loin ou bien c'était juste un face à face avec la mort par hypothermie qui l'attendait. Subitement, Trémousse paniqua et plongea à l'eau, l'enfant eut l'air bête et dit : « Trémousse ? Tu as vu un poisson ? Trémousse ? » Seulement l'eau n'était déjà plus agitée par les remous du Murloc. Sid se pencha mais seul l’abîme profonde des eaux que nul homme n'avait jamais traversé se refléta devant lui. Ces obscurs fonds l'attirait, que recelaient-ils ? Son visage frôlait l'eau salée, ses cheveux retombaient comme des algues. La main qui l'agrippa ne lui laissa même pas le temps de hurler , et lorsque le visage verdâtre , bouffi par l'immersion et couvert de bernacles et de coquillages émergea à son tour, il comprit qu'il était en train de vivre un cauchemar éveillé.
Il attrapa la rame à tâtons et essaya de repousser l'agresseur du mieux qu'il pouvait avant d'être engloutis par l’abîme. La main était trop forte pour lui, la créature se hissa sur l'esquif qui tanguait sous son poids, seulement, tout s'arrêta lorsque la hampe de son aviron se ficha dans le crâne du monstre. Il n'eut pas le temps de heurter le pont qu'il s'évapora littéralement, ne laissant qu'une pile d'algues flétries et un harpon dévoré par la rouille. Sid ne put même pas se remettre de ses émotions qu'il le vit : Le navire en bois vermoulu aux voiles fantomatiques  qui ne laissait aucun sillage sur la  mer d'huile noire. Le vaisseau était silencieux, les boucliers qui ornaient son bâbord étaient criblés de flèches vieilles comme le temps lui même. Et soudainement tout s’accéléra, l'océan entra en fusion, son bateau d'infortune tournoyait comme un bouchon dans le terrible Maelstrom, avant de heurter le vaisseau funeste. Ses marins étaient du même moule que celui qu'il avait dû tuer, il prit la rame et l'agita tandis que la pluie se mit à tomber drue sur son visage terrifié. Il hurla : « Je vous attends ramassis de chiens des mers !» La hache qu'ils lancèrent brisa la pâle et toutes deux rejoignirent le bouillon mortel en contrebas. Le stromgardien se sentit extrêmement bête sur le moment mais ne perdit pas espoir, les années d’entraînement portèrent-elles leurs fruits à ce moment là ? Tous l'ignore mais c'est bien vrai que Sid attrapa le harpon de sa première victime, et ainsi armé de son manche acéré et de la pointe rouillée, il sauta sur le bastingage ennemi en hurlant sans se soucier de l'impact du nombre. Il enfonça le harpon dans le ventre d'un des géants qui tomba à genoux puis remonta le pont de la poupe à la proue dans une frénésie guerrière, logeant sa rame dans l’œil d'un marin et après avoir décroché son épée à la ceinture, asséna une taillade oblique dans la gorge d'un second, faucha les jambes d'un troisième, brisa la lame runique dans les entrailles d'un guerrier, envoya par dessus bord une archère dont le carquois faisait sa taille. Les algues jonchèrent le pont, le minuscule combattant arriva alors au bout du navire, la vapeur se formant sur son corps chauffé par les cris d'agonie de ses adversaires. Il lâcha la hache lorsque la botte lui coupa le souffle et c'est un autre coup qui le mit à genoux. Haletant pour faire rentrer l'air chargé de sel dans ses poumons, il se fit saisir la mâchoire sans résister et ne put se plaindre lorsqu'on lui releva de force la tête : La géante le regardait sous son heaume à cornes, un éclair lui permit de discerner fugacement l'éclat de ses yeux derrière les œillères. Elle le toisait, serrant son menton fin entre deux doigts avant de tonner d'une voix sinistre :
« Un avorton ! Un avorton d'avorton ! Et c'est un meilleur guerrier que la moitié de ce drakkar ! La honte recouvre vos tombes !» L'apocalypse marine renforçait l'impression qu'elle donnait, l'eau s'engouffrait sur le pont, sans que les Kvaldirs ne prêtent attention, le Maelstrom montrait l'étendue de sa puissance cette nuit.
« Ton cœur serra offert à Hélya, avorton d'avorton, je l'arracherais de mes mains à celui qui a crut bon de braver les flots ! Psalmodia-t-elle tandis que le vent déchirait les voiles du drakkar, Sid sourit d'un drôle de rictus sous le lourd rideau de ses cheveux maculés de sang et dit :
-Seule la folie m'a poussé à braver la mer, vous ? Pour quelle raison ? Vous traquez les marins égarés ? Pathétique ! Un pauvre gosse a put tuer l'équipage à coup de rames ! » Il ne finit pas sa phrase, le coup lui fit voler la moitié des dents et le fit s'écraser contre le bois vermoulu. Encore hébété, quelqu'un l'allongea sur le dos, arrachant sa chemise trempée et les chœurs commencèrent, il essaya de protester mais sa bouche ne lui répondait plus, il gargouilla contre eux tous, hirsutes et vaseux, couverts d'armures acérées, contre ce navire maudit, contre la guerrière qui approcha sa main de son thorax alors qu'on lui tenait les bras, il ne put que se débattre encore un peu, et la vague engloutit tout : Drakkar, chaloupe, vrykuls et humain.
Piero Orson
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Date d'inscription : 04/10/2018

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